Quelque chose avait changé en lui…

Omerande

Corps de suif

« Notre esprit, une pauvre petite flamme retenue par un corps de suif. »
Jules renard

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Expérience N°553-1826-01- EGG-001-117

Toute cette effervescence qui régnait dans le laboratoire à la suite de l’expérience était très positive. L’unité EGG-001-117 déjà très prometteuse
nous a donné toute satisfaction aux regards des premiers résultats obtenus. Aujourd’hui, nous avons franchi une étape. Malgré tout il reste encore beaucoup de travail. Bien que nous ayons réussi à obtenir une première combustion, le temps requis et le peu de flammes obtenues montrent une faiblesse dans le traitement d’inhibition sensorielle, les dosages doivent être revus car nous n’arrivons jamais totalement à briser la barrière psychique.

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Expérience N°553-1826-02- EGG-001-117

Les manipulations faites sur les amphétamines nous ont permis d’augmenter significativement la production de dopamine dans le mésencéphale. Nous avons ainsi obtenu une meilleur concentration et la levée des inhibitions nécessaire à la réalisation de la tâche. Cette fois-ci le sujet a été capable de produire une flamme continue pendant 1 minute 27 secondes.

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Expérience N°553-1826-03- EGG-001-117

Déjà trois jours se sont écoulés depuis la dernière expérience. Cette fois-ci nous avons décidé d’induire une douleur intense par chocs électriques, après analyse des derniers résultats sur d’autres sujets, nous avons constaté que la souffrance physique permettait à ceux-ci d’atteindre une forme d’état psychique second libérant le sujet en intensifiant sa capacité à déformer le réel. Cela a permis la génération instantanée d’une boule de feu qui a littéralement surgi de devant le visage du patient avant d’être projeté. Cette décharge a causé quelques dégâts et un impact sur le mur. L’énergie calorifique dégagée a été si forte qu’elle a réussi à vitrifier le carrelage. Notre équipement ignifugé nous a permis de nous protéger mais quelle chaleur à l’intérieur de la salle de traitement ! Les relevés de température lors de l’examen ont démontré que le corps du sujet était monté à près de 43 °C. C’est tout bonnement impossible, il devrait être mort à l’heure qu’il est.

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Expérience N°553-1826-04- EGG-001-117

Après avoir laissé le sujet récupérer pendant une semaine. Nous entamions l’avant dernière expérience, elle nous permettra de réunir suffisamment de données pour pouvoir passer à l’étape suivante. Pour ce faire, nous avons utilisé du LSD et une forme d’isolation sensorielle; l’état hallucinatoire devant nous permettre d’induire au sujet la capacité de contrôler son pouvoir Pyrokinétique. Ce qu’il se passa ce jour-là fut totalement insolite et imprévisible. Une demi-heure après avoir commencé, le sujet est devenu flou et se mit à disparaître par intermittences. Cela a duré une bonne vingtaine de minutes et puis plus rien. Le cocktail de psychotropes que nous lui avions injectés ne nous permit pas de lui demander ce qu’il s’était exactement passé. La seule chose que nous ayons pu obtenir de lui par la suite fut un regard béat et hagard. Quelque chose avait changé en lui mais nous ne savions pas quoi exactement.

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Expérience N°553-1826-05- EGG-001-117

Le jour de la dernière expérience, tout le monde était fébrile. Il régnait dans les couloirs une atmosphère seconde où tout paraissait fonctionner au ralenti. Les surveillants amenèrent le sujet dans la salle où tout le monde s’était déjà installé à son poste. J’arrivai quelques instants plus tard. Il était déjà sanglé et les infirmiers finissaient de poser les perfusions. Le sujet n’avait pas quitté son regard béat. Bien qu’il fut conscient et réactif, c’était comme si il avait atteint un état de détachement total. Nous lançâmes le protocole et j’avoue que nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre…

Quelques minutes plus tard, la sécurité, qui avait été appelée suite au déclenchement de l’alarme, arriva devant la salle de traitement. Ce que les hommes découvrirent les fit vider leurs tripes, tous sans exception. Tous les scientifiques, docteurs, infirmiers et techniciens présents dans la salle étaient morts, les corps avaient été projetés partout, la pièce n’était plus qu’horreur couleur carmin. Murs, plafond et sol étaient tapissés de sang. Les corps démembrés côtoyaient ceux dont la chair n’était plus que lambeaux et viscères. L’un d’entre eux était calciné dans une position de souffrance absolue. Plus tard, lors de l’enquête interne qui suivit, il fut établi que le corps brûlé était celui de August Van Baeyer, responsable du projet Prométhée. On ne sut jamais comment cela s’était exactement produit, de nombreuses hypothèses furent élaborées mais aucune ne sut répondre à une question fondamentale. Où était passée l’Unité EGG-001-117 ?


UNE CONTRIBUTION D’OMERANDE

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