Revival

Stephen King, Albin Michel, septembre 2015.

4ème de couverture :

La foudre est-elle plus puissante que Dieu ?

Il a suffi de quelques jours au charismatique Révérend Charles Jacobs pour ensorceler les habitants de Harlow dans le Maine. Et plus que tout autre, le petit Jamie. Car l’homme et l’enfant ont une passion commune : l’électricité.

Trente ans plus tard, Jamie, guitariste de rock rongé par l’alcool et la drogue, est devenu une épave. Jusqu’à ce qu’il croise à nouveau le chemin de Jacobs et découvre que le mot « Revival » a plus d’un sens… Et qu’il y a bien des façons de renaitre !
Addiction, fanatisme, religion, expérimentations scientifiques… un roman électrique sur ce qui se cache de l’autre côté du miroir. Hommage à Edgar Allan Poe, Nathaniel Hawthorne et Lovecraft, un King d’anthologie.

Avis (avec des spoils dedans)

C’est un King assez moyen, mais attention, c’est un King tout de même !

Avec lui, je suis dur, mais c’est affectif. Je le range parmi mes maitres. Il a d’une manière ou d’une autre forgé mes goûts, m’a offert le plaisir de lire (des nuits de frisson), et sans doute l’envie d’écrire, en tout cas, celle de raconter des histoires.

Aussi, c’est un peu avec tristesse que je lis ses derniers romans depuis quelques temps. Déjà Docteur Sleep (la suite de Shining ! ) m’avait déçu. Celui-ci aussi. Un peu moins c’est vrai, mais la flamme n’y est plus.

Quand le livre se termine, je ne peux pas m’empêcher de penser que le King des années 80, 90, l’aurait commencé à cet endroit.

Pourtant ça partait bien. Le révérend Jacobs et sa femme sexy, ainsi que son gosse -que tout le monde aime – sont excellents.

Le pasteur a un hobby. Il est un peu curieux, mais rien de grave, il se passionne simplement pour l’électricité. A ce stade, c’est amusant, mais cela augure déjà une passion moins avouable… On verra plus tard. En attendant, on découvre la petite ville de Harlow (dans le Maine, bien sûr), sa communauté (religieuse), ses enfants – dont Jamie notre futur héros drogué-, ses scènes d’enfance nostalgiques, ses bagnoles…

Bref, ça fleure bon l’Amérique paumé, et même si ça ressemble à du déjà vu, je décolle avec plaisir pour la planète King.

Premier crash : surprenant, excellent. La mort accidentelle de la famille du pasteur (un terrible accident de la route) qui conduit le révérend à se répudier devant ses paroissiens. Il ne croit plus en dieu (le terrible sermon). Tout va bien ! Le ver est dans la pomme, le diable est entré par la fenêtre.

L’aventure peut commencer, mais non…

Le pasteur disparait et la focal reste bloqué sur Jamie. Il grandit, devient guitariste, commence à tourner, promet à sa maman de ne jamais fumer, ni de se droguer, évidemment la promesse ne tient qu’un temps… Bon, bon, pourquoi pas ? C’est bien, mais on sent quand même que ça ne va pas démarrer tout de suite.

Seul aparté, un soir, il emmène sa copine en balade dans un lieu dont lui avait parlé le pasteur autrefois. Une montagne sur laquelle un immense mat d’acier est dressé. Les nuits d’orage quand la foudre vient le frapper, le monde parait se déchirer…

Je passe sa vie de musicien. A présent, Jamie est une loque. Il erre de motel en motel pourri, grappille à droite à gauche. C’est un junky.

Un soir dans une fête foraine, – leur destin sont liés- il retrouve le pasteur. L’homme est devenu bonimenteur, magicien électrique, et il impressionne le public dans un show démoniaque. Il photographie des volontaires avec l’énergie de la foudre et anime des tableaux de lumière.

L’ancien pasteur n’a bien sûr pas oublié le petit Jamie, et quand il le voit, il lui vient en aide. Par un procédé électrique, il le libère en une seule séance  de sa dépendance! Une fois rétabli, Jamie comprend vite que les foires ne sont qu’un moyen pour le révérend de financer des recherches plus secrètes. Jamie n’en saura pas plus pour le moment. Moi non plus. Les deux hommes se séparent…..

Sur les conseils du révérend, Jamie trouve un emploi dans un studio d’enregistrement et une nouvelle vie commence. Je passe les détails, mais sa soudaine guérison n’est pas sans incidence. Il a des absences, des visions, des rêves. Renseignement pris, il n’est pas le seul… (plutôt pas mal)

A quoi joue donc le professeur ? On ne le saura qu’à la fin. Et c’est surtout ça qui pêche.

Il conduit des expériences sur l’électricité secrète, une science oubliée que de rares livres interdits évoquent (De Vermis Mysteriis, Necronomicon…). Une forme d’énergie étrangère à notre dimension qui est perceptible dans l’électricité classique… Il compte à présent se servir de cette électricité pour ressusciter un corps et apprendre de sa bouche ce qu’il y a derrière la porte de la mort.

Il va découvrir avec horreur que les morts sont tous réduits en esclavage dans une dimension cauchemardesque sur laquelle règnent des entités monstrueuses dont la plus puissante est surnommée « la Mère ». Des tentacules sortent du corps… Le révérend fait une crise cardiaque, Jamie tire sur la chose… L’expérience s’arrête, mais Jamie, le seul survivant, vit à présent avec l’angoisse un jour de revoir « La Mère ».

Le roman commence par un hommage de King à tous ses maitres : Poe, Matheson, Lovecraft…

Effectivement, il y a un peu de tout ça là-dedans, mais j’ai eu l’impression pendant toute la lecture que King tournait autour de son sujet et restait dans sa zone de confort.

Et puis l’électricité secrète… Je n’ai pas accroché à cette idée. Peut-être aurait-il fallu que le livre se passe au début du 19ème siècle, à l’époque de Frankenstein (on ne peut pas s’empêcher de penser à Shelley à la fin) pour que les mystères de l’électricité puissent prendre des tournures plus ésotériques ? Mais là entre les riffs de guitares, les références musicales, et l’ambiance souvent à la cool du studio de Jamie, j’ai eu un peu de mal à accrocher.

Un peu déçu. De grands moments tout de même, et puis des creux…

A vérifier : « Presque tous les types avec qui j’ai bossé (des musiciens) avaient cette poignée de main de poisson mort » (sic)

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